Campagne : Tous des glandeurs

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Etes-vous comme nous ? Surpris, inquiets, révoltés. Surpris de constater à quel point la plupart d’entre nous se satisfont des amalgames. Inquiets de voir avec quelle facilité on colporte des idées reçues, qui reçoivent en retour cautionnement et encouragement. Révoltés d’observer que tout cela fait son petit bonhomme de chemin dans l’esprit de tout un chacun et finit par faire injustement triompher la suspicion, l’intolérance et le rejet…

A force de perdre son regard critique et de se contenter de réponses simples, c’est que la majorité finit par penser qu’au fond si les chômeurs en sont là, c’est qu’ils le veulent quand même bien un peu. On a tous entendu parler sans jamais la rencontrer de cette « femme de notaire ou de médecin qui perçoit des allocations de chômage depuis des années » ou de ces « jeunes que cela arrange bien d’être payés à ne rien faire », voire encore – et ceux-là ils cumulent ! – de ces « étrangers qui quittent leur pays pour avoir des allocations ici ». A l’inverse de « ceux qui se lèvent tôt pour travailler et pour qui il faut se battre ! ». Résultat, les mesures politiques prises à l’encontre des chômeurs (on « active », on « responsabilise », on réduit les allocations…) trouvent écho et légitimité auprès des citoyens. La machine écrase avec le consentement du plus grand nombre.

En menant cette campagne de sensibilisation, Présences et Actions Culturelles (PAC) et Les Équipes Populaires, deux mouvements d’éducation permanente, ont au contraire voulu casser cette image unique du chômeur. En partant à la rencontre d’une dizaine de témoins, ce sont au contraire des réalités bien différentes que nous avons voulu faire percevoir. Chaque chômeur a son histoire, ses accidents de vie, son parcours singulier. Le chômeur, c’est peut-être moi demain. Ou c’est moi hier. C’est mon fils ou ma fille. Mon meilleur ami ou ma voisine. Quand le travailleur d’Arcelor-Mittal ou de Ford Genk perd son emploi, il fait à juste titre l’objet des plus vifs soutiens de la population, très souvent solidaire. Mais que pensera de lui cette même population six mois plus tard ?

Aujourd’hui, on a le sentiment que la machine s’emballe et devient folle. On en vient même à la rage dénonciatrice ! L’administration publique (Service d’information et de recherche sociale – SIRS) crée un site internet où l’on pourra dénoncer la fraude sociale, et particulièrement l’allocataire social qui travaillerait au noir… C’est évidemment lui la cause des difficultés budgétaires de la Belgique ! Et, clou de ce mélodrame, la RTBF envisageait une émission de téléréalité dont des chômeurs « coachés » par des spécialistes de la recherche d’emploi seraient les acteurs. Car il va bien sûr de soi, que quand on le veut, on peut ! Fort heureusement, le projet semble avoir disparu sous la pression des nombreuses réactions qu’il a suscitées. En quoi toute cela va-t-il modifier d’un iota la réalité d’un chiffre ? Pour cinq chômeurs au grand minimum, un seul emploi vacant… Ne nous trompons pas d’adversaire ! Les chômeurs ne sont pas responsables du chômage… 

Plus d’informations : www.tousdesglandeurs.be